PrefaceAvant d'élaborer son projet de les réunir dans ce livre unique, Nima Mazhari ne connaissait pas les cent femmes qu'il nous présente. C'est sa fascination pour la femme, mais aussi pour la réussite, qui l'a poussé à réaliser ce projet. Il est de ceux qui croient, en effet, que l'exemple de la réussite assure une vie civilisée et dynamique à notre société.
Nous avons ici cent femmes qui ont toutes été choisies parce qu'elles représentent, chacune dans son domaine, des modèles du genre. Cent femmes qui ont marqué les arts, les sciences, les affaires, les sports, la pensée, la vision, mais qui sont aussi d'origines diverses, tout en étant d'ici. Nima aime à dire qu'il a voulu aussi, en les réunissant, briser les murs qui, selon lui, séparent les trois solitudes que représentent les francophones, les anglophones et les allophones du pays. |
Nima ne connaissait en fait qu'une dizaine de ses modèles au moment où il a commencé à travailler en vue de ce livre. Il y avait des amies qui le fascinaient, auxquelles il voulait rendre hommage; d'autres qu'il avait aperçues au fil du torrent de sa vie. Mais la plupart des femmes qu'on découvre dans les pages qui suivent, il les a choisies en parlant aux premières, car chacune a, naturellement, évoqué une autre personnalité féminine contemporaine d'ici ou a suggéré à l'artiste d'entrer en contact avec elle. Il s'agit d'un ouvrage de communication dans tous les sens du terme, d'une réunion de 101 personnes, plutôt fortuite, qui devait sans doute se produire un jour ou l'autre.
Et puis il y a eu cette approche unique : nombre de ces femmes m'ont appelé en me demandant qui était ce photographe qui leur avait envoyé une lettre manuscrite pour solliciter le privilège de les rencontrer afin de les faire figurer dans son album. Nima a d'abord adressé à toutes ces personnes une lettre manuscrite. Un geste personnel d'attention, rare dans notre monde cybernétique.
Certaines de ces femmes m'ont confié qu'au départ la démarche n'avait pas été sans susciter chez elles une certaine méfiance envers cet inconnu. Ce genre de surprise me persuadait d'autant plus de l'originalité de l'artiste.
Aucune de celles qui ont été ainsi approchées n'a toutefois refusé de le recevoir. Le reste a été une histoire de complicité ou d'admiration mutuelle entre le photographe et ses modèles.
Il y a aussi la démarche purement artistique de l'auteur. Il recherchait avant tout la simplicité, une qualité qui, selon lui, mène à l'essentiel, c'est-à-dire à découvrir la personnalité des femmes qu'il avait choisies. Afin de les inciter à se détendre, il a offert à chacune d'elles de choisir un décor qu'elle aimait. Avec la discrétion inhérente à sa sensibilité graphique, Nima a réussi à conférer à ces photos un naturel que peu de photographes parviennent à rendre.
Malgré le talent de l'artiste, la personnalité de ses sujets, l'originalité de la démarche, ce livre ne serait pas ce qu'il est sans l'admiration sincère qu'a éprouvée l'auteur pour ses modèles. La première fois, lorsqu'il m'a montré les épreuves photographiques à son atelier de la rue Saint-Laurent, à Montréal, il me présentait ces femmes à tour de rôle en mentionnant chaque fois, spontanément : « Oh ! Celle-là est incroyable ! ». Puis il ajoutait pourquoi il l'avait choisie, ce qu'elle avait réalisé, ce qu'elle faisait dans la vie.
Mais qui est donc l'homme qui a pu avoir une telle idée ?
Nima lui-même est un être unique en soi. Enfant né d'une famille d'origine azérie en Iran, il est aujourd'hui Canadien d'adoption après avoir obtenu en 1985 le statut de réfugié politique au Canada. Dès son adolescence à Téhéran, Nima s'est affiché comme un démocrate, ouvert d'esprit, opposé à toute forme de dictature.
À l'âge de seize ans, il s'oppose au pouvoir arbitraire du Shah d'Iran au point d'être emprisonné et torturé à plusieurs reprises. Puis c'est la révolution islamique et, là encore, il se retrouve dans l'opposition. Artiste, peintre, mais aussi chef d'entreprise, Nima doit quitter son pays parce que le régime de l'ayatollah Khomeiny menace de l'exécuter.
Réfugié politique au Canada, il doit refaire complètement sa vie après avoir tout perdu en fuyant l'Iran. En arrivant à Montréal, sans passeport et sans visa, il ne connaissait des Canadiens qu'un seul personnage, dont la biographie l'avait inspiré : le Dr. Norman Bethune.
En 1990, Nima découvre un média qu'il connaissait cependant depuis sa jeunesse, la photographie. Mais, plus précisément, on découvre en lui le véritable artiste. C'est ainsi qu'on le retrouve photographe de mode dans l’univers des grands couturiers européens et qu'il a aussi croqué sur le vif des célébrités comme François Mitterrand, avant de revenir ici pour poursuivre sa carrière.
Sculpteur, peintre, photographe, homme d'affaires à ses heures, celui qui a élaboré ce livre nous révèle, à partir de celles qu'il a choisies, le regard d'un étranger à la richesse unique, d'un citoyen du monde qui a choisi de venir s'établir sur nos rives. Il nous propose en quelque sorte une façon de nous redécouvrir sous l'éclairage d'un nouveau regard.
Et puis il y a eu cette approche unique : nombre de ces femmes m'ont appelé en me demandant qui était ce photographe qui leur avait envoyé une lettre manuscrite pour solliciter le privilège de les rencontrer afin de les faire figurer dans son album. Nima a d'abord adressé à toutes ces personnes une lettre manuscrite. Un geste personnel d'attention, rare dans notre monde cybernétique.
Certaines de ces femmes m'ont confié qu'au départ la démarche n'avait pas été sans susciter chez elles une certaine méfiance envers cet inconnu. Ce genre de surprise me persuadait d'autant plus de l'originalité de l'artiste.
Aucune de celles qui ont été ainsi approchées n'a toutefois refusé de le recevoir. Le reste a été une histoire de complicité ou d'admiration mutuelle entre le photographe et ses modèles.
Il y a aussi la démarche purement artistique de l'auteur. Il recherchait avant tout la simplicité, une qualité qui, selon lui, mène à l'essentiel, c'est-à-dire à découvrir la personnalité des femmes qu'il avait choisies. Afin de les inciter à se détendre, il a offert à chacune d'elles de choisir un décor qu'elle aimait. Avec la discrétion inhérente à sa sensibilité graphique, Nima a réussi à conférer à ces photos un naturel que peu de photographes parviennent à rendre.
Malgré le talent de l'artiste, la personnalité de ses sujets, l'originalité de la démarche, ce livre ne serait pas ce qu'il est sans l'admiration sincère qu'a éprouvée l'auteur pour ses modèles. La première fois, lorsqu'il m'a montré les épreuves photographiques à son atelier de la rue Saint-Laurent, à Montréal, il me présentait ces femmes à tour de rôle en mentionnant chaque fois, spontanément : « Oh ! Celle-là est incroyable ! ». Puis il ajoutait pourquoi il l'avait choisie, ce qu'elle avait réalisé, ce qu'elle faisait dans la vie.
Mais qui est donc l'homme qui a pu avoir une telle idée ?
Nima lui-même est un être unique en soi. Enfant né d'une famille d'origine azérie en Iran, il est aujourd'hui Canadien d'adoption après avoir obtenu en 1985 le statut de réfugié politique au Canada. Dès son adolescence à Téhéran, Nima s'est affiché comme un démocrate, ouvert d'esprit, opposé à toute forme de dictature.
À l'âge de seize ans, il s'oppose au pouvoir arbitraire du Shah d'Iran au point d'être emprisonné et torturé à plusieurs reprises. Puis c'est la révolution islamique et, là encore, il se retrouve dans l'opposition. Artiste, peintre, mais aussi chef d'entreprise, Nima doit quitter son pays parce que le régime de l'ayatollah Khomeiny menace de l'exécuter.
Réfugié politique au Canada, il doit refaire complètement sa vie après avoir tout perdu en fuyant l'Iran. En arrivant à Montréal, sans passeport et sans visa, il ne connaissait des Canadiens qu'un seul personnage, dont la biographie l'avait inspiré : le Dr. Norman Bethune.
En 1990, Nima découvre un média qu'il connaissait cependant depuis sa jeunesse, la photographie. Mais, plus précisément, on découvre en lui le véritable artiste. C'est ainsi qu'on le retrouve photographe de mode dans l’univers des grands couturiers européens et qu'il a aussi croqué sur le vif des célébrités comme François Mitterrand, avant de revenir ici pour poursuivre sa carrière.
Sculpteur, peintre, photographe, homme d'affaires à ses heures, celui qui a élaboré ce livre nous révèle, à partir de celles qu'il a choisies, le regard d'un étranger à la richesse unique, d'un citoyen du monde qui a choisi de venir s'établir sur nos rives. Il nous propose en quelque sorte une façon de nous redécouvrir sous l'éclairage d'un nouveau regard.
JEAN-FRANÇOIS LÉPINE